Nous sommes ravis d’accueillir Nadège Winter que l’on ne présente plus (anciennement Directrice de la Communication de Colette) pour une interview chez Milkshake.
Chez milkshake, nous sommes en veille quotidienne. Pourriez-vous nous dire ce qui vous inspire tous les jours ?
Je fonctionne beaucoup à l’intuition et la vision que je me fais du monde qui m’entoure, de la rue, des passants, de l’art autour de nous.
Avec le temps j’ai construit des écosystèmes autour de moi et j’adore de plus en plus m’assoir sur de la data et de la lecture d’analyse pour conforter mes intuitions. Aujourd’hui, nous avons besoin des maths et de la magie pour valider des visions. Mais même si je fais ce travail je crois en quelque chose de l’ordre de l’inqualifiable et de l’impalpable. Petit exemple, lorsque j’ai créé Twenty Magazine avec Delphine de Canecaude, le journal des 15/20 ans il y a plus de 5 ans, c’est venu d’une sorte d’intuition. A l’époque c’était encore les millenials. C’était pour moi un constat hyper fort. Je parlais avec les marques et j’entendais de plus en plus ce questionnement autour de cette génération. C’était une sorte de murmure ambiant, il n’y avait pas toutes ces analyses consommateurs. J’ai saisi ce sujet qui m’a interpellé émotionnellement avec la volonté de créer une plateforme faite par et pour cette génération.
Il s’agit de quelque chose de très vibratoire, exactement comme avec le brunch Bazar où je souhaitais infuser cette vibe qui existait déjà à Londres et New-York mais pas du tout à Paris.
Côté tendances, où trouvez-vous l’inspiration ?
Cela peut-être de l’ordre de l’abstrait pour l’analyse de la tendance. C’est difficilement qualifiable. Je pense que ma curiosité est nourrie à chaque seconde sans que je m’en rende compte. Marcher dans les rues de New-York est déjà une source d’inspiration. New-York est déjà une marque à elle seule et nous avons l’impression de vivre dans un billboard. Tout est sujet à communication. Selon moi, c’est dans la rue que l’on peut trouver l’essence plus brute. De l’affichage sauvage de marques underground aux marques plus établies qui vont un peu se bousculer dans les codes graphiques pour se différencier.
La dernière publicité qui a retenu votre attention ?
Il s’agit d’une marque de skate qui s’appelle Fucking Awesome. Ils ont fait des affiches avec les visages de skateurs lorsqu’ils étaient enfants. Avec des graphismes très forts et colorés. J’ai trouvé l’image émouvante. Il n’y a pas de révolution d’un gimmick mais la culture pop universelle et émotionnelle me parle. Ce qui m’intéresse c’est le message derrière la campagne.
Votre prochain projet professionnel (pas secret) à nous communiquer ?
Je vois un vide sociétal énorme sur la place des femmes de plus de 45 ans. A creuser.
Aussi, je m’interroge beaucoup sur la street culture et sur ce qu’on peut mettre dedans aujourd’hui. Des sujets de conversations infinies mais qui en disent pourtant très long sur la société dans laquelle nous vivons. Tiraillée entre la quête d’un “jeunisme” absolu et la recherche d’expertise et d’expérience pointue, et entre une société en pleine mutation identitaire et pourtant toujours si dangereusement et profondément conservatrice et archaïque. un
Un petit mot pour les lecteurs.lectrices ?
Restez curieux c’est la première expression qui me vient. La faiblesse de la paresse et de l’endormissement est une grande tentation. On a besoin de créatifs, d’audace, de prise de risques. D’échecs aussi. Il ne faut pas avoir peur et nourrir cette flamme en supportant ceux qui tiennent le flambeau et qui osent. Dans les moments les plus difficiles de notre société, l’énergie vient de cette quête et de cet éveil à l’inconnu. Un grand merci Nadège !
Sonia, Milkshake Strategy Director